VILLAGE D'ARDÈCHE - ALBA LA ROMAINE ( Part I )

VILLAGE D'ARDÈCHE - ALBA LA ROMAINE ( Part I )
La cité gallo-romaine / Le village

En suivant la Nationale 102 d'Aubenas à Montélimar, ne manquez pas de faire un détour par Alba-la-Romaine, village chargé d'histoire.

Nous sommes en Ardèche du Sud, dans l'ancienne Helvie, et avant d'aller voir le bourg médiéval construit autour de son château, il faut rendre visite aux vestiges de la ville antique.

La ville d'Alba, construite sur le modèle des villes romaines, connut son apogée au IIe siècle. L'Helvie connaissait alors un fort développement économique suite à la victoire de Jules César sur les Arvernes.

Alba s'étendait sur 30 hectares, dans la plaine, près de la voie reliant la Vallée du Rhône  au Massif Central.

Siège épiscopal au IVe siècle, elle déclina quand celui-ci fut transféré à Viviers à la fin du Ve siècle et fut progressivement abandonnée.

Depuis toujours, les vignerons de la plaine sortaient de terre des morceaux de colonnes, de statues, de poteries... Entre les deux guerres les premières fouilles scientifiques mirent à jour une partie du théâtre. A partir de 1945, une seconde campagne de fouilles se déroula sur le site de St Pierre et le théâtre. Quand le vignoble albain fut restructuré, dans les années 80, on en profita pour lancer de nouvelles fouilles et dégager le patrimoine encore enfoui. Durant 20 ans, la ville antique se redessina peu à peu...

Depuis 2010, la mise en valeur du site et la création d'un musée (ouvert depuis octobre 2013) permettent aux visiteurs de mieux comprendre, imaginer, visualiser la cité de nos ancêtres les Helviens...

ALBA HELVORUM, une ville gallo-romaine.

Selon le modèle des villes gallo-romaines, elle s'est développée autour de la grande rue principale, le Cardo maximus, orienté Nord-Sud.
D'une largeur de 5 mètres, sa longueur est estimée à plus de 300 mètres. Sur les grandes dalles en calcaire mises à jour on distingue par endroit les traces d'usure faites par les chars et les charrettes.

Le Cardo est bordé de boutiques d'artisans, comme l'attestent les nombreux objets retrouvés. Les autres rues le coupent perpendiculairement.

  

Autre lieu important de la ville, le centre monumental : ses édifices publics et religieux s'agencent autour du forum, la place publique, où les citoyens se rencontrent. A Alba ,les vestiges de deux "aires à portiques" sont visibles : il s'agissait de bâtiments constitués d'une cour centrale munie d'un bassin et  entourée d'un portique couvert. On distingue aussi le tracé d'un temple et d'un bâtiment qui fut peut-être la Curie , lieu de réunion du Sénat.





Classé monument historique en 1959, le théâtre d'Alba avait une capacité de 3000 places, ce qui est modeste si on considère les grands théâtres de l'Empire, qui accueillaient de 15000 à 30000 spectateurs, mais ce qui est bien plus que nos théâtres ardéchois actuels.

Sa particularité est d'être construit de part et d'autre d'un ruisseau ,le ruisseau du Massacre.

Sur la rive droite, la Cavéa et ses 22 rangées de gradins accueillent le peuple. L'Orchestra est constitué de deux parties : trois rangées de gradins réservés aux notables  et un espace matérialisé par des dalles placées en fer à cheval, qui peut être utilisé par les comédiens, étant dans le prolongement de la scène.

Sur la rive gauche, se dessinent les vestiges du mur de scène qui atteignait douze mètres de haut, la scène étant elle-même installée sur le cours d'eau canalisé.

Le théâtre ainsi représenté date du IIe siècle de notre ère, époque faste de la cité.



Après l'Empire Romain vint une période troublée, qui vit les habitants de la plaine d'Alba se regrouper  autour du château de la famille d'Aps, bâti sur un dyke volcanique (coulée de lave verticale).

Le bourg se construisit en arc de cercle, s'entoura de fortifications et prit le nom d'Aps, qu'il conserva jusqu'en 1903.  

Les maisons sont construites avec les pierres noires d'origine volcanique (basalte) et les pierres blanches ( calcaire) récupérées dans la ville antique en ruines. Généralement ces pierres déjà taillées se retrouvent dans les encadrements des portes et des fenêtres et les escaliers, alors que le basalte , difficile à tailler, est utilisé pour les murs.

Des arcs-boutants enjambent les rues étroites et renforcent les murs des maisons qui, la plupart, datent des XVIe et XVIIe siècles.



Ces maisons furent, pour certaines d'entre elles, restaurées à partir de 1948, suite à l'initiative du peintre André Lhote, qui appela, dans un article dans le journal Combat, artistes et intellectuels à venir s'installer dans le village. C'est ainsi que peintres et sculpteurs des quatre coins du monde s'installèrent à Alba et la transformèrent en "Cité des Arts" par l'organisation d'expositions qui marquèrent la vie du village.

En flanant dans Alba ,vous pourrez voir :

- En haut de la Grand-rue  l'ancienne maison d'un maréchal-ferrand ornée d'une hache en  bas-relief sur l'arc de porte
- L'église Saint-André et son échauguette, et sur la maison voisine, du côté du portail, un relief de la Nativité du XVIe siècle
- La Tour de l'Horloge avec les vestiges de l'ancienne halle sur les façades nord et ouest
- Une très ancienne fenêtre à croisée datée de 1541 ornée d'un haut-relief représentant Adam et Eve
- Sans oublier le Château. ( Celui-ci fera prochainement l'objet d'un autre article sur Planète Ardéchoise avec la Partie II ! )